« C’est la finance inclusive par excellence »

Hassan Belibi Noah, expert financier, promoteur des Journées communautaires de la finance islamique de la CEMAC.

Cette année, un peu plus que par le passé, vous vous êtes fixé comme objectif de faire davantage connaître les outils de la finance islamique. Pensez-vous que le problème de développement de la finance islamique est lié à son faible ancrage auprès du public ?
Effectivement l’un des talons d’Achille de la finance islamique, c’est son ancrage dans la population. Elle reste très embryonnaire. On n’en parle pas beaucoup mais cela se justifie par le fait que c’est une filière nouvelle et il n’y a pas encore beaucoup de personnes formées à cela. Ça rend les choses difficiles et un peu complexes, ce qui fait que l’expertise ne court pas les rues pourtant la finance islamique est une discipline au système intégré et complet. Ça veut dire qu’en termes d’opportunités d’emplois, c’est une niche extrêmement pertinente. Lorsqu’on parle de finance islamique, il est question d’un système financier qui est structuré et encadré. Il y a une multitude de métiers, notamment ceux de la banque, le marketing sans oublier les juristes. Donc nous pensons qu’il n’y a pas encore cette pénétration de la finance islamique du fait justement de ce manque de formation. Lorsque les acteurs seront assez formés, on passera au deuxième niveau qui est la sensibilisation. Toutefois, étant donné que la règlementation est entrée en vigueur il y a trois ans, il y a déjà un ensemble d’actions qui sont menées. De plus en plus, on sent un regain d’intérêt par rapport à la finance islamique. Les efforts sont faits mais beaucoup reste à faire.


Quelles sont les contraintes qui freinent le développement de la finance islamique au Cameroun ?
Il y a notamment la volonté politique. Elle n’est pas assez prononcée. On ne sait pas si c’est des questions de géostratégie politique ou économique de l’Etat du Cameroun ou de la zone Cemac, mais on ne ressent pas une réelle promotion de la finance islamique. Dans le contexte camerounais par exemple, l’Etat du Cameroun a organisé dans les années 2020 le premier forum national de la finance islamique et depuis lors, malgré que parmi des résolutions qui avaient été prises, il était question d’en faire un évènement annuel, cela n’a pas été fait. Toutefois, il y a des programmes qui existent notamment le programme d’appui à la stratégie nationale de la finance inclusive qui dans le cadre des travaux de réécriture de la stratégie nationale de finance inclusive du Cameroun, nous avons pu grâce à une invitation du ministère des Finances proposer la finance islamique et cela a été adopté comme un axe stratégique du Cameroun.


Qui peut prétendre au crédit issu de la finance islamique ? 
La finance islamique s’adresse à tout le monde, pas seulement aux musulmans. C’est la finance inclusive par excellence. Elle ne discrimine personne. Elle n’exclut personne de par des critères naturels tels le sexe, la religion, etc. Ce qu’elle exclut c’est des activités jugées illicites et impropres parce que nocives pour l’homme et il y a des preuves sur la santé notamment les drogues, l’alcool, etc. Elles sont rejetées par la finance islamique. La pornographie, l’armement aussi. Un individu qui fait dans le trafic de drogue mais qui a des activités qui sont acceptables par la finance islamique ou jugées licites par cette finance, peut être financé sur le segment de ces activités jugées licites dans le cas où la banque n’a pas l’information qu’il fait dans le trafic de drogue parce que sur le plan éthique, il est difficile d’accepter le contraire. 


De manière concrète, dans quelle mesure cette forme de financement peut-elle contribuer au développement de l’économie du pays ?
Lorsqu’on parle de développement économique, on parle de production et de productivité, de ...

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